IV- UNE VIE REVEUSE
Chaque soir, sous la clarté tremblotante des étoiles
Chaque soir, dans la pénombre grandissante de la nuit
Chaque soir, lorsque le vent souffle dans ces voiles
Chaque soir, sur mon bateau vers Morphée je m'enfuis.
Chaque matin, bercé par la brise marine
Chaque matin, quand le soleil paraît au-delà du pays de Chine
Chaque matin, lorsqu'Apollon dans les cieux s'élève
Chaque matin, des draps trempés de mon lit je me lève.
Tous les jours, quand l'étouffante chaleur fait bouillir le bitume urbain
Tous les jours, sous le passage des noirs nuages chargés de pluie
Tous les jours, lorsqu'on se rue dans les assourdissantes cités où s'écoule le Rhin
Tous les jours, sans compter les heures je vis.
Toutes les nuits, dans les flots tumultueux du Léthé je plonge
Toutes les nuits, quand du feu il ne reste que cendre et suie
Toutes les nuits, lorsque l'âtre s'est fait froid et que la Lune luit
Toutes les nuits, au pays des rêves et des merveilles je songe.
Scaevola